Lettres aux syndicats

JANVIER 2025

EDITO

Depuis la censure du gouvernement de Michel Barnier et la nomination de François Bayrou comme Premier ministre, rien  n’a  véritablement  changé.  Le  nouveau  gouvernement, soutenu  par  le  Parti  socialiste  et  l’extrême  droite, continue  d’appliquer  le  programme  ultralibéral  de  Macron.

Pour éviter une nouvelle censure, le Premier ministre, après s’être assuré le soutien du Rassemblement national, a cherché à rallier le Parti socialiste. Avec quelques concessions mineures, mais sans remise en question de la politique budgétaire, sans abrogation de la réforme des retraites, et en rejetant la quasi-totalité des revendications sociales, il a, pour l’instant, réussi son pari.

 Faute de candidat et redoutant des élections présidentielles anticipées, le Parti socialiste, après une série de renoncements, a refusé de soutenir la motion de censure déposée par le nouveau front populaire. Seuls huit députés socialistes sur les 62 élus à l’Assemblée nationale ont refusé de trahir le mandat pour lequel ils ont été élus. 

Ce gouvernement a également remis sur le devant de la scène des figures tristement célèbres pour leurs politiques antisociales. Qu’il s’agisse de Manuel Valls, l’homme prompt à retourner sa veste, ou d’Élisabeth Borne «la reine du 49.3», François Bayrou  n’a pas hésité à nommer ces deux anciens Premiers ministres, écartés par les urnes après avoir mis en oeuvre une politique ouvertement au service du capital.

Sur le plan syndical, la situation n’est guère plus reluisante. Avec la mise en place d’un conclave, le gouvernement cherche à enfermer les interlocuteurs sociaux dans une simulation de négociation. En imposant une obligation de réussite, sous peine de voir la réforme Borne continuer à s’appliquer, François Bayrou accorde un droit de veto à ses alliés du patronat, torpillant ainsi cette mascarade de négociation.

Comment espérer obtenir des avancées sociales dans ces conditions, tout en respectant le cadre budgétaire rigide imposé par le gouvernement ? Ce projet gouvernemental, rappelons-le, est presque identique à celui du gouvernement précédent, censuré par une majorité de députés.

L’objectif de ce projet est clair : forcer les confédérations syndicales à abandonner leur mandat d’abrogation de la réforme des retraites.

Au nom de la stabilité et de l’esprit de responsabilité, les députés socialistes se sont positionnés comme les soutiens de la continuité des politiques de Macron et de ses gouvernements successifs. Toutes les confédérations syndicales, dont la nôtre, ainsi que les organisations patronales, ont suivi cette voie. En signant, à l’exception de la CGT, le 17 décembre dernier, une lettre ouverte aux élus et responsables politiques, appelant à «trouver le chemin de la stabilité politique», elles n’ont fait que renforcer le gouvernement. Ce dernier a salué ce document comme «un texte sans précédent», s’inscrivant dans le cadre de son action.

Ce conclave, mis en place en réponse à cette lettre ouverte, a pour but de discipliner les syndicats, de les subordonner aux intérêts de l’État, et de les contraindre à accepter les contre-réformes décidées par le gouvernement, au détriment des intérêts de la classe ouvrière.

Accepter d’y participer, c’est accepter une attaque contre le paritarisme, la négociation libre et non forcée. C’est accepter un 

vieux rêve du patronat et de la droite, qui consiste à instaurer un début de corporatisme. Le syndicat ne serait plus une force pour contraindre le patronat à négocier des accords améliorant le quotidien des travailleurs, mais un partenaire pour accompagner les gouvernements et leurs politiques, afin de réaliser l’“association capital-travail” à laquelle nous sommes résolument opposés.

Notre commission exécutive confédérale Force Ouvrière s’est réunie le 16 janvier. Après d’âpres débats, elle a conclu par une déclaration confirmant nos revendica- tions et les mandats portés par notre or- ganisation. Elle réaffirme sa volonté d’ob- tenir l’abrogation totale de la réforme des retraites. Elle met en avant les dangers du conclave, qui «pourrait viser à nous as- socier à la réforme actuelle». Cependant, elle a décidé de «participer à la condition de rester libre de la quitter à tout moment».

Cette position est dangereuse, car elle laisse entendre que, malgré une forte opposition interne et une courte majorité, notre confédération, en contradiction totale avec ses principes, apporte sa caution à un conclave biaisé dès le départ.

Bien que non signataire de la lettre ouverte appelant à la stabilité politique, la CGT, par la voie de sa secrétaire générale Sophie Binet, a réclamé, de la même manière que le Parti socialiste et le Parti communiste, une conférence sur le financement des retraites. Elle a salué les annonces de Bayrou comme une première avancée, tout en regrettant que les contours soient «flous».

Les différentes déclarations des dirigeants syndicaux sur la nécessaire stabilité et l’esprit de responsabilité, ainsi que leur participation au conclave de Bayrou, mal- gré les oppositions internes au sein des organisations, sont aux antipodes de la volonté de la majorité, exprimée dans les votes et dans la rue.

Face à cette situation inédite, nous devons nous mobiliser pour défendre notre organisation syndicale, à laquelle les travailleurs ne demandent pas de participer à des conclaves pour mettre en oeuvre la réforme des retraites. 

Fidèles  à  notre  indépendance,  nous n’avons rien à faire dans ce «conclave».

Nous devons poursuivre notre mandat et soutenir les revendications des millions de travailleurs qui n’en peuvent plus. Face au patronat qui, malgré des budgets de rigueur, continue de bénéficier chaque année de 200 milliards d’euros d’aides fiscales et d’exonérations sociales, lui per- mettant de verser des dividendes records, notre rôle n’est pas de nous associer à lui pour aider le gouvernement à imposer sa réforme des retraites.

Les salariés de la Santé privée, particulièrement touchés par cette réforme, risquent d’être poussés vers l’invalidité avant même de pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein. Le montant de celle-ci en serait automatiquement réduit.

Macron est isolé et ne peut survivre qu’avec des alliances contre nature. Cette situation ne saurait durer éternellement. Cette faiblesse doit être notre force. Notre rôle, en tant que syndicalistes libres et in- dépendants, est de tout mettre en œuvre pour obtenir l’abrogation de la réforme des retraites et combattre toutes les me- sures liberticides et antisociales de cette politique. Cette bataille doit être menée par l’ensemble de notre organisation, et l’Union nationale des syndicats de la santé privée doit y prendre pleinement sa place. C’est ce qui a été fait à travers les différents communiqués.

 SOMMAIRE 

- Edito ................................................. 1 

- Communiqué «conclave».................... 4 

- Déclaration de la CE confédérale.......... 5 

- Déclaration de la CE de l’UNSSP ......... 6 

- Compte-rendu CPPNI CCN51 

du 14/01/2025 ........................................ 7 

- Compte-rendu CPPNI 3SMS 

du 16/01/2025 ......................................... 12 

- Communiqué intersyndical.................... 14 

- FASH inFO EFS ..................................... 15 

- Compte-rendu CPPNI des Prothésistes dentaires 

du 21/01/2025 ......................................... 21 

- Enquête Uni Global Union ................ 22 

- Communiqué Confédéral ....................... 23 

- Modèle de lettre de bienvenue ............. 24 

- La vie de nos syndicats .... ...................... 26 

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